ARTICLE: Heydar Aliyev Center - Zaha Hadid


Heydar Aliyev Center




Zaha Hadid signe à nouveau une grandiose architecture publique, un domaine dans lequel elle a pu exprimer au mieux son interprétation de l'ère contemporaine. Le centre Heydar Aliyev, conçu par le cabinet de l'architecte anglo-irakienne suite à un appel d'offres de 2007, ajoute ainsi ses lumières au scintillant skyline de Bakou, capitale d'un pays en pleine mutation. Une structure en béton et un cadre en trois dimensions soutiennent une surface réalisée à l’aide de matériaux permettant de donner à l’architecture la forme plastique que l’on retrouve souvent dans les ouvrages de Hadid (béton renforcé aux fibres de verre et polyester renforcé aux fibres de verre).




  




Comme beaucoup d’anciennes républiques socialistes, après avoir acquis son indépendance vis-à-vis de l'Union Soviétique, l'Azerbaïdjan a fortement voulu renier son passé. Cette prise de distance par rapport à tout ce qui représentait le gouvernement de Moscou s'est notamment traduite via l'architecture, considérée comme un moyen de rapprocher le peuple azéri de l'Europe et de l'Occident à travers une image de modernité. Des Flame Tower du cabinet HOK au Baku Crystal Hall de GMP Architekten, la richesse générée par les récentes découvertes de gisements de pétrole et de gaz naturel s'exprime à travers cette nouvelle architecture de la capitale qui souhaite émerveiller tous ceux qui la regardent.




À première vue, les ouvrages d’Hadid ne traduisent aucun rapport avec le territoire. Objets réalisés à l’échelle architecturale, ils ne ressemblent pas au contexte dans lequel ils s’insèrent au sens purement figuratif. Mais le projet du centre Heydar Aliyev dépasse les limites de l’architecture pour se transformer en installation artistique qui s’empare du lieu - à l'instar des œuvres d’Anish Kapoor - , en un bâtiment de référence qui vise à devenir un symbole urbain à la fois par son caractère imposant et par son degré de participation à la ville.

Le centre culturel Heydar Aliyev, qui comprend un auditorium, une bibliothèque, un café et des espaces semi-publics, s'élève sur le sommet d'une colline urbaine dans le quartier le plus récent de la ville. Accueillant des zones commerciales, des bureaux et des résidences, ce quartier longe l’avenue du même nom, une artère qui mène de l’aéroport au centre de Bakou. La pente naturelle a été exploitée pour concevoir un parcours au sein de la végétation, une promenade qui monte de l’accès du parking souterrain à l’entrée du centre. Comme dans beaucoup d’ouvrages d’Hadid, ce zigzag constitue une fracture nette avec le passé urbain, un signe fort et perspectif qui guide l’œil de l’observateur vers le sommet de la colline, où se détache l’imposante toiture en plastique blanc de l'ouvrage.





L’avancée continue de la surface englobe également la cour latérale, éliminant ainsi toute distinction entre couverture de l'ouvrage et dallage extérieur. Dépourvue de façade principale, cette architecture change complètement en fonction de l'angle depuis lequel on la regarde, presque comme si elle se transformait. Manifeste d’une idée de culture toujours plus ouverte, multiple et démocratique, l’ouvrage de Hadid s’impose en exploitant toute l’envergure disponible du site qui se transforme ainsi en scène urbaine offerte à la ville.




Mara Corradi

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